AED licenciés du college Robert Doisneau : « Un coup de manivelle pour l’anarchie, un coup de manivelle pour la hiérarchie »

Publié le par Journal L'Autre-ment

« Un coup de manivelle pour l’anarchie, un coup de manivelle pour la hiérarchie »

 

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Le vendredi 29 juin 2012, nous avons été informés du non renouvèlement de notre contrat précaire d’Assistants d’Education au Collège Robert Doisneau, XXème(ZEP). Pour le dire dans un jargon plus honnête et compréhensible, disons que nous avons été virés, tout simplement. 5 ont obtenus un NON RENOUVELEMENT, 6 un RENOUVELEMENT! La Principale, Isabelle Brochard est dans son droit, elle a la loi pour elle, et a donc la possibilité de ne pas renouveler les AED sans avoir l’obligation de se justifier de quoi que ce soit. Cependant cela s’est déroulé d’une façon quelque peu confuse mais néanmoins choquante et abjecte. Nous nous sommes sentis comme des candidats insignifiants qui participent à la star academy, l’exemple peut faire sourire mais il est représentatif de la gestion managériale de plus en plus systématique qui sévit dans les différents établissements scolaires de la ville et du pays en général. Chacun attendait la décision du jury (elle), dans l’angoisse, la peur et le dégout, avec l’impression de ne pas être respecté en tant qu’adultes et travailleurs. Rabaissé dans notre fonction de précaires de l’Education nationale.


Le mardi 26 juin, nous apprenions que nous allions avoir, chacun d’entre nous, un entretien individuel avec la Principale du collège. Pour certains d’entre nous cela fait trois ans que nous travaillons dans cet établissement et à notre connaissance cela ne s’était jamais produit, même s’il est vrai que c’est une pratique courante dans certains établissements. Les entretiens ont eu lieu, dans une ambiance tendue, et ce qui en est ressorti globalement c’est que Mme Brochard « veut changer l’équipe pour repartir sur de nouvelles bases », « et oui…c’est douloureux (sic), mais je privilégie la structure à l’humain ». ( !!)


Vous ne rêvez pas, il s’agit d’un collège et non d’une entreprise en cours de dégraissage ou de France télécom tristement célèbre pour ses méthodes et leurs conséquences (suicides, dépressions…). Permettez-nous encore de traduire nos sentiments dans un langage plus compréhensible : « elle veut se débarrasser de certains éléments qu’elle juge perturbateurs a fin de rompre la cohésion d’équipe, la solidarité et le bloc formé par la totalité du groupe de collègues AED qui ont depuis le début de leur prise de fonction, tous fait systématiquement grève aux côtés des professeurs et ATOS de l’établissement et qui ont parfois contesté la gestion catastrophique et les attitudes douteuses vis-à-vis des personnels. De plus l’autorité qu’elle a du mal à exercer sur le corps enseignant a peut-être trouvé là, avec des personnels aux contrats précaires, une occasion de s’affirmer ».

Chacun d’entre nous a eu droit à son lot de reproches et de remarques parfois désobligeantes, le tout formulé sous la forme de questions posées dont la Principale connaissait déjà les réponses. Une vieille technique de manager d’entreprise que le COACH (ce n’est pas une blague) de notre chère Principale de gauche-écolo, « amie de la Commune » tout comme son conjoint (Riton la Manivelle), aura sûrement eu plaisir à expérimenter sur nous. Sachant que nous n’avons jamais eu de « rappel à l’ordre », « de remarque sur notre travail » ou de « convocation en vue de discuter d’un certains nombres de problèmes » en trois ans, nous sommes tombés des nues. La surprise a été totale. Nous en avons fait la remarque aux CPE, qui pensaient sincèrement que tout le monde serait repris. Ils nous ont certifié qu’eux n’avaient rien dit qui puisse nous nuire. La principale pour certains d’entre nous a utilisé l’argument du « en concertation avec les CPE et par rapport aux plaintes de certains professeurs » pour justifier sa décision, ce qui est malhonnête, car après « enquête » il s’avère que les CPE n’ont pas de reproches à nous faire qui conduisent à la décision de ne pas renouveler une grande partie de l’équipe, et que la plainte de certains enseignants se résume à : un retour de 1 ou 2 professeurs qui ont été « cafter » honteusement un conflit houleux lors d’une heure d’information syndicale et à un rapport d’une institutrice d’ULIS qui a quitté l’établissement précipitamment après des conflits internes à sa classe dont une des conséquences grave a entraîner la plainte d’une famille à la police. L’enseignante a été vue « en train de fermer une porte violemment sur la tête et le bras d’un élève qui a dut être emmené à l’infirmerie ». Témoignage relaté aux parents de l’élève qui avaient constatés des marques de blessures sur leur enfant, par l’Assistante de Vie Scolaire à qui on avait conseillé gentiment de « la fermer », se dont elle n’a pas tenu compte, question de « principe moral ». Est-ce pour cette raison qu’elle aussi a été virée ? Enfin pardon, NON RENOUVELEE.


Le vendredi 29 juin donc (en toute fin d’année scolaire quand il est très difficile d’organiser une mobilisation massive) Mme Brochard daigne enfin nous faire part de sa sentence à 15h30. Depuis le matin elle avait déjà statué sur notre sort car elle l’avait confirmé aux professeurs venus la voir pour demander à être reçus en délégation. Plusieurs fois dans la journée elle est passée près de nous, et à chaque fois nous pensions enfin être fixés. Mais non, le suspens sadique n’était pas assez long à son goût ! Nous nous sommes vus complètements perdus, avec les conjoints-es et enfants au téléphone qui attendaient une réponse. La colère et l’amertume gagnant le cœur de tout le monde au fil des heures. Finalement elle est entrée dans notre bureau, petit sourire, sans un mot, sans un regard, a affiché les résultats au tableau et a tourné les talons. Elle avait annoncé à un collègue qu’elle procéderait de cette manière quelques heures avant et personne, CPE et profs compris n’osait y croire. Tout le monde a été choqué par son désir d’humilier jusqu’au bout. Sa lettre, à entêtes afin de souligner le caractère officiel de l’annonce, nous informe de notre nouveau statut de chercheurs d’emplois ou non après une brève introduction où on peut lire « cela peut être douloureux et je le comprends » ! Tout en soulignant tout de même notre implication. Malgré la nature officielle du courrier, nous sommes cités par nos prénoms uniquement et un collègue se voit mentionné par son sobriquet-diminutif ! La lettre nous annonce que pour une de nos collègues l’attente n’est pas terminée !? Elle reste sans réponse.

Mme Brochard, de très mauvais goût, propose en bas de page de nous « remettre une lettre de recommandation si nécessaire » afin de nous aider à trouver un nouvel emploi. Ce qu’elle ne propose pas à notre AVS qui n’étant pas française et âgée de 54 ans s’inquiète fortement quant à son avenir. A nous bien sûr d’annoncer par téléphone le verdict aux copains qui ne travaillent pas ce jour-là et attendent chez eux.

Mme Brochard met à la porte 3 collègues père et mère de famille et 2 étudiants salariés précaires dont l’un a un statut d’étudiant étranger non- européen.

Encore une fois c’est le personnel le plus précaire qui trinque. Le tout dans un climat délétère. Les masques tombent et le vrai visage de la direction apparaît enfin. C’est une triste mélodie qui se joue ici. Amie de la commune de Paris le dimanche et responsable de licenciements la semaine.

Pour nous c’est A.E.D précaire toute l’année.

 

Des A.E.D du collège Robert Doisneau.

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